Antichrist

Antichrist

Je suis de retour de l’avant première d’Antichrist, le dernier film de Lars Von Trier. L’avant-première avait lieu à l’UGC des Halles en présence de la responsable de la maison de distribution, de la productrice et de Charlotte Gainsbourg (Palme de la meilleure actrice pour ce film).

Le prologue du film est magnifique. Images en NB, au ralenti, aucun dialogue, aucun bruitage, juste Lascia Ch’io Pianga de Händel. Vraiment très beau.

Puis le cœur du film démarre. Divisé en plusieurs chapitres. En couleur cette fois. Encore une fois très bien réalisé, avec une très belle image. Les plans sont souvent avec des caméras à l’épaule, très proches des acteurs, assez tremblante.

L’histoire est celle d’un couple faisant leur travail de deuil de leur enfant. On est tout de suite plongé au cœur de leurs tourments.

Il y a un parti pris assez fort qui fait que l’on a pas eu le temps de s’attacher aux personnages avant de suivre ce couple, dans ce drame. Ils n’ont même pas de nom. Ce regard est donc distant mais, à la fois, leurs sentiments sont là, palpables.

Arrive un point dans le film où l’on ne sait plus vraiment qu’est ce qui fait parti de leurs rêve, qu’est-ce qui fait parti de la « réalité ». Les lignes se croisent. Le spectateur perd ses repères au fur et à mesure.

Et puis le dernier chapitre du film arrive. Déchainement de violence insoutenable mais qui paraissait inéluctable dans l’évolution des sentiments des personnages. Violence loin d’être gratuite. Mais violence qui provoque un sentiment d’horreur assez primaire, une répulsion au plus profond de soi même.

Je n’avais jamais été aussi mal à l’aise devant un film. En y réfléchissant, je pense que la seule fois où j’ai ressenti ce genre de sentiment, c’est quand j’ai « visité » (le mot est inapproprié mais je n’en trouve pas d’autre) Auschwitz.

Arrivé à la fin du film, on a le sentiment que notre compréhension ne fait qu’effleurer la surface de ce chef d’œuvre. L’aspect symbolique est je pense très fort. Et plusieurs niveaux de lecture sont je pense possibles.

Est-ce que j’ai regretté d’être allé voir ce film ? Non, vraiment pas. J’ai employé le mot de chef d’œuvre plus haut et je le pense vraiment. Maintenant je ne pense pas que je serai capable de le voir une deuxième fois.